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Ville européenne sous le soleil et connectée
La ville intelligente est rendue caduque sans de véritables stratégies urbaines basées sur les spécificités locales. Peera_stockfoto/Shutterstock

Ville intelligente : la technologie, un outil au service de la durabilité des territoires

IA, capteurs, réalités virtuelles ou augmentées, les technologies révolutionnent la planification, la gestion et la supervision des villes et territoires. Cependant, le numérique est rendu caduc sans un objectif de durabilité et de véritables stratégies partant des spécificités des territoires. Et une collaboration accrue entre pouvoirs publics, entreprises, université et société civile.


En novembre 2024, le Smart City Expo World Congress à Barcelone couronnait Shenzhen du titre de ville intelligente de l’année 2024. Un sacre qui remet au centre des débats le concept de ville durable et intelligente, dit smart city.


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Ce dernier a en effet gagné en popularité dans la littérature et la pratique au cours des 15 dernières années. Bien que ce terme ne soit pas nouveau – répandu dans les années 2000 par des groupes technologiques comme IBM –, il n’existe pas de définition unanimement acceptée. Dans le cadre de cet article, nous définissions une smart city comme « un écosystème de parties prenantes, engagé dans un processus de transition durable (intégrant les enjeux économiques, environnementaux et sociaux), sur un territoire donné (urbain ou non), en utilisant les technologies numériques comme moyen, facilitateur pour mener à bien les actions qui y sont liées ».

Les initiatives smart city peuvent se caractériser par des projets dans divers domaines : la mobilité, l’énergie et l’éclairage intelligent, la gestion de l’eau et des déchets, l’administration en ligne ou même le tourisme.

De nombreuses questions se posent quant à leur management, leur gouvernance et leurs impacts. Comment les stratégies des villes durables et intelligentes sont-elles élaborées et liées aux priorités locales existantes ? Comment les dynamiques se mettent-elles en place concrètement ? Quel est leur impact sur l’entrepreneuriat et l’innovation urbaine ? Des études que j’ai récemment menées proposent des pistes de réponses.

Une question de priorités locales

Aujourd’hui, les gouvernements locaux doivent faire des choix sur les priorités à inclure dans leurs agendas smart city. Selon la littérature, les initiatives smart city doivent idéalement être basées sur les problématiques locales préidentifiées, ainsi que sur les priorités locales préexistantes – mobilité durable, gestion de l’eau, de l’énergie. Pour donner un exemple lié à l’actualité, des territoires comme Valence ou Venise doivent partir de leurs enjeux spécifiques, notamment en matière de gestion de l’eau – inondation ou sècheresse – pour construire leur stratégie.

Le Management de la Transition Durable et Intelligente des Territoires (dit « smart cities »)
Podcast d’HEC Liège sur le management de la transition durable et intelligente des territoires (dit « smart cities »). HEC Liège, Author provided (no reuse)

Pour écouter le podcast, cliquer ici

La collaboration, pilier des villes intelligentes

La collaboration entre les différents acteurs au niveau local est primordiale dans le succès des dynamiques de villes durables et intelligentes. Le modèle de la « quadruple hélice », insiste sur l’importance de la collaboration entre quatre sphères : les pouvoirs publics, les entreprises, le monde académique et scientifique, ainsi que la société civile. Une étude met en évidence trois facteurs facilitant la collaboration entre les divers acteurs dans les écosystèmes des villes durables et intelligentes :

– Une collaboration plus intense entre les diverses parties prenantes est démontrée sur les territoires dotés d’une stratégie claire. Avoir une direction commune semble donc aider à surmonter les silos ou clivages traditionnels – en matière de logiques d’action, d’intérêts ou d’horizons temporels par exemple – et de facto à favoriser les collaborations.

– La présence d’un orchestrateur dédié à la transition durable et intelligente permet de faciliter la coordination entre les multiples parties prenantes. Ils permettent de fluidifier la communication et de briser les silos sectoriels pour organiser des initiatives transversales. Ce rôle est particulièrement utile dans les grands écosystèmes urbains comme les Métropoles, où la complexité des interactions entre acteurs nécessite une gouvernance plus structurée. Des postes de chefs de projet smart city sont recrutés dans ces villes.

– Les caractéristiques et priorités spécifiques des territoires influencent la collaboration. Par exemple, les projets liés à l’environnement – gestion de l’énergie ou de l’eau – sont particulièrement efficaces pour stimuler la collaboration en Wallonie. Ceux axés sur la mobilité et la participation citoyenne sont plus courants en Flandre.

Néanmoins, les recherches récentes révèlent que dans de nombreux cas, la collaboration échoue et que les facteurs de succès varient selon le contexte local.

Booster d’entrepreneuriat

La mise en œuvre d’une dynamique de villes durables et intelligentes sur un territoire donné peut également avoir un effet stimulant sur l’entrepreneuriat – notamment numérique et écologique.

La recherche démontre une corrélation positive entre ces initiatives et le taux de création de nouvelles entreprises. Plus un territoire est engagé dans une démarche smart city, plus on observe un taux élevé de création de nouvelles entreprises.


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Parmi les initiatives smart city belges, nos chercheurs ont remarqué que, lorsqu’elles suivent une logique dite « bottom-up », le taux d’entrepreneuriat est d’autant plus élevé. La participation active de toutes les parties prenantes locales semble donc être bénéfique pour le développement de l’entrepreneuriat au sein des villes intelligentes et durables. Dans le cas de grandes villes, le lien entre smart city et entrepreneuriat numérique bénéficie d’un élan supplémentaire. Il correspond à l’idée que les (grandes) villes ont tendance à se positionner comme hub numérique dans le contexte de Smart city.

Prévenir les évènements climatiques extrêmes

Un concept soutenu par la Commission européenne en lançant le 12 décembre dernier le consortium européen pour l’innovation numérique CitiVerse. Réunissant quatorze États membres, avec un budget de 80 millions d’euros, il vise à faire de l’Europe un leader mondial des technologies émergentes.

CitiVerse se concentrera sur des solutions basées sur l’IA pour optimiser la gestion du trafic, de l’énergie ou de l’eau. Les outils numériques serviront notamment à identifier les événements extrêmes, comme les récentes inondations dans la région de Valence ou du cyclone à Mayotte.

En partant à chaque fois des singularités locales et en privilégiant la collaboration entre tous les acteurs du territoire.


Cet article a été écrit en collaboration avec le Dr Arnaud Stiepen, expert en vulgarisation scientifique.

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