Reconnue comme destination gastronomique de premier plan, la ville de Montréal est désormais la capitale mondiale de l’agriculture urbaine. C’est le constat que réalise le Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) dans une récente étude comparant dix villes internationales commandée par l’Office montréalais de la gastronomie. Cette place est largement attribuable à la grande diversité des initiatives sociales, de la dynamique de l’écosystème des fermes urbaines, mais aussi du caractère innovant des acteurs et actrices du mouvement de l’agriculture urbaine montréalaise.
A propos de l’étude
Le constat de l’étude est sans équivoque : Montréal se positionne bonne première devant certaines des plus importantes villes en Amérique et en Europe, dont Bruxelles, Londres, Paris, New York, Toronto et Vancouver. Les villes comparatives ont été choisies selon plusieurs critères, dont la dynamique récente de leur agriculture urbaine, leur similarité avec Montréal, leur distribution géographique et les mentions médiatiques établissant ces villes comme exemplaires dans le domaine.
« Grâce à une stratégie d’agriculture urbaine audacieuse, Montréal réussit un approvisionnement local et écologique qui s’appuie notamment sur l’innovation et le savoir-faire des entreprises implantées sur son territoire. La population est également au rendez-vous et s’intéresse de plus en plus aux aménagements comestibles, aux projets de serres et à la protection de la biodiversité. Ce titre de capitale mondiale de l’agriculture urbaine confirme notre leadership international en développement durable et nous encourage à poursuivre l’enracinement de la nature aux quatre coins de la métropole »,
Valérie Plante, Mairesse de Montréal
Le rapport « La place de Montréal parmi les grandes villes d’agriculture urbaine : Une étude comparative entre 10 villes au Canada, États-Unis et en Europe « avait pour objectif d’évaluer de façon factuelle la place de Montréal parmi 10 grandes villes réputées pour leur agriculture urbaine en partant des informations disponibles et en mobilisant des acteurs dans chacune des villes.
« En plus d’être appréciée comme destination gastronomique internationale, Montréal est aujourd’hui reconnue pour le savoir-faire de ses agriculteurs urbains, c’est donc avec beaucoup de fierté que nous accueillons les conclusions de cette étude. L’agriculture urbaine contribue aussi à faire de la métropole une destination plus durable, notamment par le verdissement, l’augmentation de la biodiversité et la réduction des îlots de chaleur, ce qui est tout à fait aligné avec notre stratégie de Destination harmonieuse »,
Yves Lalumière, Président-Directeur général de Tourisme Montréal
L’équipe d’Éric Duchemin, du Laboratoire sur l’agriculture urbaine, a comparé la métropole à dix autres villes dans le monde, en utilisant des paramètres comme le nombre d’entreprises en agriculture urbaine, la superficie de potagers cultivés ou encore le nombre de jardins pédagogiques. Avec plus de 270 organismes impliqués, la ville possède un mouvement vibrant, dynamique et diversifié en agriculture urbaine. Les critères qui ont joué en sa faveur sont donc autant qualitatifs que quantitatifs. En combinant tous ces facteurs, la métropole québécoise se classe première.
« J’espère que cette étude donnera la reconnaissance dû au mouvement de l’agriculture urbaine dans toute sa diversité et permettra de mettre la lumière sur son apport social, environnemental et économique. L’agriculture urbaine est un atout pour l’identité de Montréal et du Québec, tant au niveau gastronomique que dans la transition écologique des villes. Ce que j’espère surtout, c’est que les différents acteurs responsables du développement soient toujours présents, que le soutien soit là, qu’on commence à réfléchir à une stratégie. Pendant longtemps, on a développé l’agriculture urbaine un peu à droite, à gauche, selon les demandes, sans aucune vision, sans aucune stratégie de développement, je pense que maintenant, on est rendus à cette étape-là »,
Éric Duchemin, Directeur scientifique et formation chez Laboratoire sur l’agriculture urbaine
L’étude a été financée par l’Office montréalais de la gastronomie, une initiative de Tourisme Montréal. Reste que l’agriculture urbaine, malgré sa vigueur actuelle, n’est encadrée par aucune stratégie du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, le MAPAQ. Ce qui veut dire assez peu de moyens et de vision pour le développement à long terme.
« On pense que ce nouveau titre de capitale mondiale de l’agriculture urbaine va venir renforcer notre titre de destination gastronomique de premier plan. On prend cette étude-là comme une belle tape dans le dos, mais ce sont aussi les points à travailler qui nous intéressent »,
Aurélie de Blois, porte-parole de Tourisme Montréal.
Focus sur la quantité et la qualité des fermes urbaines
Avec 57 entreprises agricoles diversifiées et résolument engagées dans l’économie sociale et circulaire, Montréal fait figure de pionnière. Elle dépasse largement les autres villes au chapitre du nombre d’entreprises qui œuvrent en agriculture urbaine. En comparaison, Chicago en dénombre 33, Paris, 30 et Bruxelles, 36. Il se produit de tout sur l’île de Montréal : des champignons au miel, en passant par des micro-pousses et du poisson.
La ville compte également sur la présence de la ferme Pousse-Menu, a plus ancienne ferme urbaine au monde, en 1988, ainsi que sur les Fermes Lufa, qui ont mis sur pied la première serre sur toit (2011) et le plus grand projet d’agriculture urbaine au niveau mondial (1,7 ha). Montréal compte aussi sur des entreprises agricoles urbaines comme Alvéole et MicroHabitat, qui essaiment leurs activités commerciales à l’international, sans mentionner l’École d’été sur l’agriculture urbaine de Montréal qui a eu de multiples éditions en France, en Belgique et en Suisse.
S’il y a bien une entreprise que les gens associent à l’agriculture urbaine, ce sont les Fermes Lufa. Sur le toit d’un édifice du quartier Ahuntsic, la directrice des communications des fermes Lufa, Yourianne Plante, montre quelques-uns des végétaux qui poussent dans la toute première serre des Fermes Lufa. L’entreprise a connu une croissance importante durant la pandémie, passant de 15 000 commandes hebdomadaires à 30 000. À son avis, le principal défi de l’agriculture urbaine en ce moment, c’est le même qu’aux débuts des Fermes Lufa : la rentabilité.
« On a réussi, avec Montréal, à démontrer que ça se peut, rentabiliser l’agriculture urbaine, maintenant, est-ce qu’on peut reproduire le modèle, puis est-ce qu’on peut l’améliorer en continu ? C’est là-dessus qu’on travaille ».
Yourianne Plante, Directrice des communications des fermes Lufa.
Montréal s’est aussi largement démarquée par son accessibilité à des parcelles de production pour les citoyens, particulièrement dans le programme de jardins communautaires ou par ses près de 200 jardins collectifs, ainsi que par ses trois espaces citoyens dédiés à l’agriculture urbaine, soit le Grand Potager, le Tiers Lieu de l’agriculture urbaine et les jardins éphémères du Campus MIL.
Montréal est la ville championne des jardins et de l'agriculture urbaine.
Le reportage de @SarahDeryRC au #TJ18h pic.twitter.com/6fbq2F2JKZ
— Patrice Roy (@PatriceRoyTJ) August 24, 2023