« Les Maires sont un maillon essentiel de la chaîne de l’égalité et de la parité dans nos communautés »

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Importance de l’action des collectivités locales pour faire avancer l’égalité femmes-hommes, lutte contre les violences basées sur le genre : Mme Yawa Kouigan, Maire, Présidente de la FCT et Ministre, nous partage son point de vue alors qu’Atakpamé accueille cette semaine un événement dédié à la prise en compte des enjeux de genre.

 

 

 

Le 3 décembre 2024, vous inaugurerez dans votre ville d’Atakpamé un équipement pionnier au Togo : le centre intégré pour l’égalité femmes-hommes, dédié à la prévention des violences basées sur le genre. Quels sont les constats qui vous ont amenée à initier ce projet ?

Les constats sont en lien direct avec l’objectif du projet et la vocation du centre : les inégalités entre les genres persistent, les violences basées sur le genre (VBG) sont malheureusement encore légion dans nos communautés. En dépit des avancées en matière de lois et de règlements sur la question au plan national, malgré les efforts de sensibilisation à divers niveaux, l’oppression rampe encore dans nombre de chaumières de nos villes et villages. Les femmes continuent de faire face à des obstacles dans l’accès aux ressources, à l’éducation et à la participation économique.

« Il manque dans nos localités des structures dédiées à l’accueil, à l’écoute et à l’accompagnement des victimes, en majorité les femmes. »

Les VBG restent une réalité préoccupante, souvent exacerbée par des interprétations distordues des normes socioculturelles qui permettent la discrimination. Face à cet état de choses, il manque dans nos localités des structures dédiées à l’accueil, à l’écoute et à l’accompagnement des victimes, en majorité les femmes. Nous avons donc jugé important de remédier à cela en mettant en œuvre ce projet de promotion de l’égalité femmes-hommes, assorti de la construction d’une structure dédiée à la lutte contre ces violences, afin de créer un environnement plus sûr et plus équitable pour tous.

 

Très concrètement, quels sont les changements que vous attendez de ce nouvel équipement dans votre commune ?

Oh, ils sont nombreux ! D’abord en matière de renforcement de capacités, pour offrir des formations professionnelles et des programmes éducatifs aux femmes et aux jeunes filles, leur permettant de participer activement au développement économique local. Ensuite sur le renforcement de la sensibilisation, pour organiser des campagnes de sensibilisation sur les droits des femmes et l’égalité des sexes, visant à modifier les perceptions et à encourager des comportements respectueux et inclusifs. Il y a également l’important volet du soutien aux victimes de VBG, à travers l’accueil et l’écoute, le conseil et l’accompagnement juridique, en vue de faciliter leur réintégration sociale et économique. Je pense également à la mobilisation communautaire qui va nous permettre d’engager les communautés locales dans des dialogues constructifs sur les questions de genre, car il est important de promouvoir une culture de l’égalité et du respect mutuel.

 

À travers la Faîtière des Communes du Togo que vous présidez, vous portez également une démarche nationale pour mobiliser les autres collectivités locales de votre pays sur les enjeux d’égalité femmes-hommes. En quoi les autorités locales peuvent-elles changer les choses ?

Pour des raisons tenant essentiellement à la nature de notre mandat à l’échelle des communes, les autorités locales jouent un rôle crucial dans la promotion de l’égalité des sexes. À la croisée des interventions de proximité au niveau local et de la mise en œuvre des orientations au niveau central national, les maires sont en effet un maillon essentiel de la chaîne de l’égalité et de la parité dans nos communautés. L’action locale et la solidarité entre les villes dans le cadre de réseaux de référence comme l’AIMF est à même de porter des projets comme celui du centre de promotion féminine, qui offrira un havre de sécurité et de paix aux victimes de VBG.

« À la croisée des interventions de proximité au niveau local et de la mise en œuvre des orientations au niveau central national, les maires sont en effet un maillon essentiel de la chaîne de l’égalité et de la parité dans nos communautés. »

 

Quels conseils et quels messages aimeriez-vous passer à l’international aux autres collectivités locales, mais aussi à leurs partenaires ?

Je pense que mon message est en réalité une conviction partagée : les collectivités locales sont des entités administratives de proximité. En étant donc les plus proches des populations, les élus locaux doivent s’engager résolument à être les protecteurs de nos administrés, en particulier les plus vulnérables. Je crois qu’il est du devoir du maire et du conseil municipal de rechercher les partenariats et ressources permettant de nourrir cet engagement local car nos budgets pris individuellement sont en deçà des moyens nécessaires pour lutter efficacement contre les VBG et pour promouvoir une société égalitaire.

De tels partenariats avec des organisations internationales, des ONG et des institutions financières peuvent renforcer les capacités locales et apporter un soutien technique et financier indispensable.

Je plaide donc pour qu’à Atakpamé, nous puissions mobiliser davantage de ressources pour étendre le centre et augmenter les prestations offertes. Mais je plaide aussi pour que le centre d’accueil, d’écoute, d’accompagnement et de formation d’Atakpamé ne soit que le premier d’une longue liste de centres dans plusieurs autres communes du Togo.

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