En 2015, l’AIMF s’est engagée pour la mise en œuvre d’un programme pilote de lutte contre la consommation de drogues par les jeunes tunisiens. Après une étude qui a permis d’avoir une connaissance approfondie de la population cible, une seconde phase a été lancée en 2017 qui fait de l’éducation et de l’appropriation du patrimoine de la Médina le moyen de tisser du lien et d’amener les jeunes en rupture vers des activités de développement local.
Phase 1 – Enquête de terrain
En 2015-2016 l’AIMF a financé, avec l’Association de Sauvegarde de la Médina (ASM), les ministères tunisiens de l’Éducation et de la Santé, la ville de Luxembourg, ONU Sida et le Croissant Rouge tunisien, une étude très détaillée sur les jeunes de la Médina afin de mieux connaître et de mieux comprendre cette population.
La Médina a été choisie en raison de son rayonnement national et international mais surtout en raison du nombre de ses établissements d’éducation qui s’y trouvent.
Cette enquête a permis un très grand nombre de croisements afin d’avoir une connaissance aussi fine que possible de cette population à risques.
Plusieurs facteurs négatifs ressortent de l’étude : la faible fréquentation des Maisons de la jeunesse ou de la culture, le très peu d’intérêt à la lecture de la presse et son information politique ou sociale, une vie de jeunes qui s’organise entre la rue et les cafés. Plus du quart sont des victimes de violences, notamment en famille (filles) et plus du tiers reconnaissent être à l’origine de violences sur autrui. Plus du quart des jeunes concernés par la drogue en ignorent les risques. Tous reconnaissent que leur information, si information il y a, est tirée du Net. Plus de 60 % de cette population vit cette dérive comme une nouvelle expérience. Plus de 50 % de ces jeunes considèrent que leur avenir est dans l’émigration.
L’analyse des résultats de l’enquête a permis d’identifier l’appropriation de la Médina comme un axe fort pour accompagner la jeunesse qui fréquente les écoles de la Médina et lutter contre la consommation de drogues.
Phase 2 – Un espace pour libérer les attentes tout en contribuant aux activités locales
La phase 2 de ce projet, débutée en 2017, permettra d’offrir à cette jeunesse un cadre, un espace, où elle pourra libérer ses attentes tout en contribuant aux activités locales. Elle est financée avec l’appui du Ministère français de l’Education Nationale.
En effet, le pari du programme est que la lutte contre le désœuvrement hors du temps scolaire ou contre l’absentéisme scolaire, passe par l’engagement associatif pour la promotion des arts de la rue et l’animation touristique, en fin de journée, ce moment où la Médina perd de son attractivité et se vide.
Il sera proposé à ces jeunes citadins une alternative axée sur des activités d’apprentissage qui les aideront à canaliser leur potentiel tout en renouant les liens, souvent distendus, avec leur propre quartier.
Le projet est élaboré en partenariat avec les autorités locales (le Ministère de l’Éducation nationale notamment), des institutions œuvrant pour l’enfance (telles que l’UNICEF) et des représentants du milieu associatif dont Dar el Harka ou « Maison du Mouvement », un espace de cotravail animé par le Collectif Association Créative.
Les ateliers créés auront pour vocation de faire découvrir à ces jeunes citadins l’histoire de leur propre quartier, la Médina de Tunis, et de la restituer à leur tour sous différentes formes (écrite, graphique, auditive) par la publication, notamment, d’un journal et l’animation d’une émission en ligne, propre à chaque établissement.
Ces lycéens seront, dans un premier temps, assistés par des experts dans leur démarche de documentation et d’investigation. Des formations, qui se tiendront en fin de semaine au siège de l’Association de Sauvegarde de la Médina, leur seront dispensées. Toutes ces informations seront compilées en fin de projet par chaque lycée sous forme d’une publication dite Journal de la Médina.
Près de 4000 jeunes élèves, collégiens et lycéens bénéficieront de cette initiative.