A travers l’élaboration de son PDUI – Programme de développement urbain intégré – la ville de Sousse a identifié la revitalisation du centre ville comme un enjeu clé de développement. En combinant valorisation du patrimoine architectural et projet socio-culturel, le projet de Réhabilitation du Centre Bab Jedid pour l’animation sociale s’inscrit dans cette démarche.
Focus sur le patrimoine urbain de Sousse
La ville de Sousse dispose d’un très riche patrimoine urbain. Le partie dite « européenne » de la ville s’est développée depuis 1890, par juxtaposition de quartiers, en anneaux autour de la médina : son premier quartier européen, le quartier de Bhar Ezzebla, a été développé à une distance de 80 m des remparts de la médina. Peu à peu, plusieurs autres quartiers furent tracés et développés selon les besoins. Ces premiers quartiers ont occupé, au départ, toute la zone côtière aux environs de la médina ; les quartiers de Bhar Ezzebla, celui du port et celui de la cité Suisse. Par la suite, de nouveaux quartiers se sont développés de plus en plus à l’intérieur de la ville – les quartiers de la Gare, du Trocadéro, de Capace Grande, Capace Piccolo, Bouhsina, Menvielle etc… – jusqu’à former un anneau urbain assez dense autour de la médina.
De cette époque, la ville a conservé un patrimoine architectural aussi riche que varié.
L’un de ces joyaux architecturaux est le monument de « l’Annexe du Lycée Bab Jedid », ou ancienne école supérieure de garçons. Le bâtiment fut construit en 1896 et recouvre environ 1 370 m2.
La réhabilitation du Centre Bab Jedid, élément réparateur d’un tissu urbain morcelé
Malgré les valeurs patrimoniales et architecturales intrinsèques de ce monument, le bâtiment se trouve actuellement dans un état vétuste et risque de s’effondrer. Par ailleurs, d’un point de vue spatial, le monument ne s’articule pas avec l’hétérogénéité sociale qui caractérise sa zone d’implantation, il ne s’insère plus dans ce milieu qui lui est désormais étranger. Nous assistons plutôt à une rupture par rapport aux deux rives adjacentes : la médina d’un côté et le port de l’autre. Ces deux dernières profitent d’une forte dynamique sociale et commerciale. En contrepartie le monument « l’Annexe » est réduit à un ilot en ruine ne servant que de lieu de passage.
Paradoxalement, le quartier qui abritaient autrefois de jeunes lycéens, est aujourd’hui rejeté et ignoré par les jeunes. La marginalisation du monument a créé une fragmentation urbaine, qui engendre, en conséquence, une mutation dépréciative du tissu social, provoquant une baisse de fréquentation et une grave détérioration de la sécurité urbaine.
Le projet de Réhabilitation du Centre Bab Jedid pour l’animation sociale s’inscrit dans une vision globale du conseil municipal pour réanimer le centre-ville de Sousse, marginalisé et délaissé depuis des années.
A l’appui de cette vision, le Plan de Développement Urbain Intégré – PDUI a été élaboré à travers un vaste programme d’études stratégiques réalisé dans le cadre d’un partenariat technique et financier avec le secrétariat d’Etat à l’Economie de la confédération Suisse. Il a permis d’identifier plusieurs projets à forte valeur ajoutée sociale et urbaine, et à forte visibilité. Parmi eux : la réhabilitation du Centre Bab Jedid pour accueillir des activités culturelles.
La mise en valeur du monument est ainsi pensée en tant qu’élément réparateur du tissu urbain morcelé et son utilisation comme espace de proximité à des fins de médiation sociale. Un nouveau centre d’intérêt pour le quartier du port.
Conserver l’âme du lieu et inscrire le bâtiment dans une démarche environnementale
En résonance avec la nature historique du bâtiment et son ancienne vocation, la municipalité souhaite inscrire ce projet dans une logique d’ouverture aux populations et d’animation sociale, tout particulièrement à l’adresse de la jeunesse. La réhabilitation doit ainsi préserver l’âme de ce lieu historique, tout en l’inscrivant dans la modernité, c’est à dire dans une démarche environnementale.
Le Centre Bab Jedid sera ainsi …
- Un équipement polyfonctionnel : lieu de vie, doté d’une double fonction culturelle et sociale pour les citoyens et essentiellement pour les jeunes.
- Un équipement inclusif, ouvert ouvert à toutes les catégories sociales, aux différentes générations, et concentré sur les égalités du genre.
- Un équipement de proximité, dédié à la création artistique et culturelle, à la promotion de la liberté d’expression des jeunes et des femmes.
- Un équipement connecté et dont les facilités technologiques seront mises à dispositions des jeunes afin d’assurer leur sécurité et la qualité de l’espace.
- Un équipement durable : le projet architectural sera conçu en tant que bâtiment à Zéro émission de CO2, visant en particulier une grande performance énergétique. Une place centrale sera faite au végétal, pour valoriser son apport environnemental, esthétique et patrimonial.
Mise en place d’un multi-partenariat autour du projet porté par Sousse
Pour mettre en œuvre et co-financer ce programme, la Commune de Sousse a souhaité s’inscrire dans une démarche de coopération décentralisée. L’AIMF appuie ce programme dans le cadre de son Fonds de coopération. Elle soutient également la mobilisation de la coopération décentralisée francophone. La Ville de Lausanne s’est d’ores et déjà engagée autour de ce programme. Des démarches sont en cours auprès d’autres villes qui pourraient se joindre au tour de table financier.
Le projet cofinancé par l’AIMF, la Ville de Sousse et la Ville de Lausanne concerne la totalité de la démarche, de la réhabilitation du bâtiment à la mise en service du Centre (exploitation et programmation).
Données clés
Budget total du projet : 800 000 €
Partenaires : Ville de Sousse, AIMF, coopération décentralisée
Ce projet est soutenu par la ville de Lausanne via le Fonds de coopération de l’AIMF